Des outils de plus en plus performants permettent aujourd’hui de créer rapidement des applications. Le low code no code ouvre de nouveaux espaces de créativité et d’innovation et démocratise le développement. Comment se retrouver dans cet écosystème de plus en plus vaste et trouver les bons cas d’usage quand on est innovateur, chef de projet, consultant ou professionnel du marketing ? Quelques éléments de réponse dans cet article.
Low code vs No code, de quoi parle-t-on ?
Les outils no-code permettent de créer et mettre en ligne des applications web ou mobile sans une ligne de code.
Un utilisateur, sans compétence technique, crée une page web sur des outils comme strikingly, weebly, .bubble ou Webflow par glisser-déposer comme il crée une présentation PowerPoint.
Au-delà de pages statiques, la puissance du no-code est qu’il s’agit d’un eco-système où les outils s’intègrent les uns avec les autres par plugins : certains gèrent une base de données (AirTable, Google Sheets, Notion, …), d’autres des formulaires (TypeForm, Google Form), des workflows (Zapier, Ifttt, Integromat, …), du mailing (mailchimp, mailjet, …), du chat (intercom, crisp, zendesk …), de la gestion de membres (MemberStack,..)
Ainsi le “no-coder” compose sa “stack no-code” pour créer une application sophistiquée sans coder. C’est ainsi que la startup COMET a lancé son activité de marketplace entre freelances et entreprises sans écrire une ligne de code.
Les solutions low-code fonctionnent elles sur le même principe de programmation visuelle et d’intégration par plugins. La différence est qu’elles permettent une plus grande souplesse d’utilisation. Une richesse fonctionnelle avec la possibilité d’ajouter du code pour des règles et des extensions. Elles sont donc réservées à des développeurs expérimentés. Ces outils sont plus riches et permettent de créer des applications complexes. Toutefois, ils exigent une expertise comparable aux progiciels d’entreprise.
Les grands acteurs du numérique investissent sur les technologies no code. Comment expliquer un tel engouement ?
Il est vrai que depuis quelques années mais surtout depuis un an, on constate une forte tendance sur le low-code et no-code.
Comme souvent en informatique, ce phénomène s’explique par la convergence entre technologies et usages. Les technologies no-code ont gagné en maturité et en diversité. Elles permettent de répondre à des besoins de plus en plus variés. Il est possible aujourd’hui de construire un site internet ou bien des applications web ou mobile, sans taper une seule ligne de code. Bref, de libérer vos projets de la contrainte technique.
Par le passé, des outils permettaient déjà de construire des applications. Ce qui change tout, c’est l’avènement du cloud : non seulement les applications sont automatiquement hébergées sur internet en un clic, mais localement elles peuvent s’intégrer entre elles par plugins.
Le marché est-il en phase avec cette offre de plus en plus large de solutions ?
Le succès des solutions no-code vient aussi de l’importance de la demande. D’une certaine manière, ce n’est plus le créateur qui doit s’adapter à la technologie, c’est l’inverse. Des barrières à l’entrée tombent et on voit émerger une multiplicité d’idées, d’innovations dans de nouveaux domaines, portées par des individus qui n’avaient jusqu’ici ni le temps, ni les compétences pour se lancer.
Sur de nouveaux produits innovants, on a besoin d’être très réactifs et d’avoir une réalisation rapide. Du fait de la difficulté à recruter des développeurs, on voit apparaître dans les entreprises des pratiques court-termistes en mode “quick and dirty” qui ont toutes les chances de devenir contre productives dans la durée.
C’est le cas par exemple quand l’entreprise choisit pour son produit, un développeur “maison” qui n’a pas le niveau d’expertise approprié ou quand elle pousse ses développeurs à accélérer pour tester vite, en sacrifiant la qualité et le respect des règles de bonnes pratiques logicielles, inspirées du software craftsmanship.
Dans les deux cas, on risque d’aboutir au même résultat : on va amener le produit à se développer sur de mauvaises bases. Quand il va marcher, évoluer, il va s’enrichir de fonctionnalités, mais avec des rustines et des bouts de ficelles. Le code ne sera pas propre et le risque est de créer en quelques mois, un “legacy”, un outil logiciel reposant sur des bases fragiles, instables et qu’il sera très difficile à maintenir.
L’une des raisons de la popularité des outils low-code et no-code est que justement ils permettent de contourner cette difficulté. Il est possible pour le porteur d’une idée de développer très rapidement de premières versions de l’application sans avoir besoin d’une expertise technique. Avec ces outils, le manque de compétences techniques n’est plus un frein à la concrétisation d’idées et de projets.
Les solutions no-code permettent-elles de se passer complétement du code informatique ?
Ces solutions ne remplaceront pas le travail de professionnels du code expérimentés. Le CEO et fondateur de COMET, Charles Thomas le rappelait récemment : grâce à des outils comme .bubble, Crisp et Zapier, ils ont pu lancer leur plateforme de mise en relation entre freelances et entreprises. Mais, si les outils no-code suffisent pour lancer un projet, souvent ils montrent vite leurs limites lors du passage à l’échelle.
La première limite est le manque de souplesse des outils no-code. Comme pour un progiciel, vous êtes contraint par les simplifications de l’outil. Il est donc important d’investir dans la connaissance de l’ecosystème no-code pour identifier la bonne association couvrant le besoin nécessaire.
D’autre part, le coût de licence, souvent minime ou gratuit pour se lancer, peut vite devenir considérable à large échelle. Il est important d’étudier les limites et le détail des fonctionnalités comprises dans les plans tarifaires.
Enfin, la confidentialité peut être une contrainte rédhibitoire pour ce type d’outils SaaS, hébergés sur internet, souvent hors UE. Certains proposent un hébergement UE, voire France, d’autres permettent d’installer une version “on premise” sur l’intranet de l’entreprise.
Comment gérer la complémentarité entre applications no code et développements spécifiques ?
Les experts vous dirons : investissez un peu dans du no-code pour tester votre idée rapidement, mais une fois la validité du concept prouvée, investissez beaucoup dans une solution plus pérenne conçue avec des développements spécifiques et les bonnes pratiques de Software Craftsmanship.
Cette approche s’inscrit complètement dans la démarche Lean Startup, à l’étape clé du MVP (Minimum Viable Product).
On considère souvent que le MVP est la première version réalisée en quelques mois en développements spécifiques. Nous défendons l’idée de MVP jetables. Une première version qui rend réellement le service à de premiers utilisateurs. Une version pour valider l’hypothèse de valeur, mais avec un investissement minimum, dans une solution provisoire sans code.
En effet il y a typiquement une chance sur deux que le concept, voire le problème, soit invalidé. Les solutions no-code sont de très bons outils pour construire un MVP. La condition est de se dire que ce MVP est jetable.